Wiiliam Sargant, pour signifier les moyens de résister à la conversion forcée, à l’endoctrinement et au lavage de cerveau, utilise la métaphore de la corrida, du « bon » et du « mauvais » taureau.
[…] La sûreté du monde libre semble donc reposer sur la culture non seulement du courage, de la vertu morale et de la logique, mais aussi de l'humour : humour qui produit un état de bon équilibre dans lequel l'excès émotionnel est moqué comme laid et inutile.
Dans la corrida, les premiers efforts du matador et de ses assistants sont dirigés directement vers l'excitation, le tourment et la frustration du taureau, dans le but de l'user et ainsi de le rendre plus suggestible et répondant. Le matador doit "dominer" le taureau pour lui faire exécuter ce qu'il attend de lui dans la phase finale : c'est-à-dire de suivre les mouvements de la muleta rouge dans une obéissance hypnotique. Un « bon » taureau qui gagne les applaudissements du public quand il est finalement retiré mort de l’arène est celui qui « coopère » en devenant aussi agressif que possible quand on il est harcelé par les capes, et poignardé dans les muscles des épaules par la lance du picador et les flèches tranchantes du banderillero. Il est maintenu constamment en mouvement jusqu’à ce que épuisé émotionnellement et physiquement, et seulement lorsqu’il ne peut plus maintenir sa tête haute que le matador lui donne le coup de grâce par un brusque mouvement d’épée entre ses omoplates relâchées.
Un « mauvais » taureau – à moins d’une infirmité physique, telle une cécité partielle qui l’empêche de suivre les mouvements de la cape ou de la muleta - est celui qui refuse de s’énerver et ainsi s’arrange pour éviter à la fois l’épuisement et la suggestibilité. Jusqu’à récemment, le remède aux taureaux flegmatiques était les banderillas de fuego – sorte de flèche munie d’explosif à la pointe, qui les faisaient ruer et sauter en tout sens dans l’arène - mais qui sont à présent interdites. La terreur du matador est par conséquent le taureau qui ne peut pas être paniqué par les moyens traditionnels, qui semble continuer à penser par lui-même et dont les réponses sont si imprévisibles. Lorsque finalement tué, souvent après avoir envoyé le matador à l’infirmerie ou au cimetière, ou renvoyé par un Président prudent, il sort de l’arène, c’est sous les cris, les injures et les sifflements. Le « bon » taureau, en fait, et le taureau qui se considère (en le créditant de sentiments humains) immunisé contre l’épreuve à laquelle il fait face, confiant dans son courage, sa rapide colère en face des choses qu’il déteste, sa grande force physique, sa capacité à combattre jusqu’au bout. Le « mauvais » taureau est celui qui a un sens plus fort de la conservation de soi que du devoir obstiné.
Il ne faudrait pas pousser l’analogie trop loin ; elle sert à mettre en évidence le fait que certaines personnes sont converties contre leur volonté (endoctrinée) car elle tiennent à faire ce qu’elle considère la « bonne chose » et sortent combattre ce qui est plus sagement évité ou ignoré. Leur énergie devrait plutôt être dévolue à maintenir une politique de non coopération, malgré leur fierté et une inclination naturelle à tester leur force et leur courage contre ceux qui essaient de les provoquer.
Extrait traduit librement de
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