« Une société composée de milliers de milliards d’esclaves mécaniques et de seulement deux mille millions d’hommes sera certes gouvernée par les hommes, mais elle aura les traits caractéristiques de sa majorité prolétarienne. […] Les esclaves mécaniques de notre civilisation conservent ces traits caractéristiques et vivent selon les lois de leur nature. […] Pour savoir se servir de ses esclaves mécaniques, l’homme doit apprendre à les connaître et imiter leurs habitudes et principes de fonctionnement. […] Lorsque les conquérants sont en minorités, ils adoptent la langue et les mœurs des nations conquises, par commodité ou pour d’autres raisons, alors même qu’ils sont effectivement les maîtres. Le même processus s’opère actuellement dans nos propres sociétés bien que nous refusions de nous en rendre compte. Nous apprenons les lois de fonctionnement et le jargon de nos esclaves, pour être en mesure de leur donner des ordres. Et, insidieusement, nous sommes amenés à renoncer à nos lois et à nos traits humains. Nous nous déshumanisons en adoptant les habitudes de vie de nos esclaves. Le premier symptôme de cette déshumanisation est le mépris que nous témoignons à l’égard de ce qui fait notre humanité. »
Virgil Gheorghiu (1950). La Vingt-Cinquième Heure, Paris, Plon (1974). Cité par Paul Watzlawick, les cheveux du baron de Münchhausen, Points Seuil, (1991) p. 249.
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