- Quel âge avais-tu?
- A peine vingt ans. Et, dès lors, tout était décidé une fois pour toutes. C'est à ce moment-là que j'ai commis une faute, une faute difficile à définir, insaisissable, mais qui a été le point de départ de toute ma vie et que je n'ai jamais réussi à réparer.
- Une faute irréparable commise à l'âge de l'ignorance.
- Oui.
- C'est à cet âge-là qu'on se marie, qu'on a son premier enfant, qu'on choisit sa profession. Et puis un jour on sait et on comprend beaucoup de choses, mais il est trop tard, car toute la vie aura été décidée à une époque où on ne savait rien.
Extrait de L’ignorance (p.152), Milan KUNDERA, Gallimard (2003), ISBN 2-07-076903-8
Sur l’avenir, tout le monde se trompe. L’homme ne peut être sûr que du moment présent. Mais est-ce bien vrai ? Peut-il vraiment le connaître, le présent ? Est-il capable de le juger ? Bien sûr que non. Car comment celui qui ne connaît pas l’avenir pourrait-il comprendre le sens du présent ? Si nous ne savons pas vers quel avenir le présent nous mène, comment pourrions-nous dire que ce présent est bon ou mauvais, qu’il mérite notre adhésion, notre méfiance ou notre haine ?
4e de couverture de L’ignorance (Milan KUNDERA, Gallimard (2003), ISBN 2-07-076903-8)
2 commentaires:
Ça me rappelle le dernier essai de Paul Graham ( How to do What You Love, http://www.paulgraham.com/love.html), avec l'exemple d'un médecin qui détestait ce qu'il faisait mais avait la qualité de toujours dépasser les difficultés, y compris son dégoût. Il avait fait son choix ado et était prisonnier de ce choix antérieur.
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